Ça y est c’est fini....

       

On lui a tamponné RETRAITE sur sa carte d’identité
Et d’un coup d’encre, il a vu sa vie s’effacer
Pourtant la journée avait bien commencé
De son adieu aux armes, on l’avait honoré
Délassant pour le dernière fois, les lacets de ses rangers usées
Une larme coule lentement, l’armée fut son passé
Puis viennent les semaines, interminables et moroses
Où le temps vous donne l’impression d’avoir fait une pause
Il se dit, « je suis peut-être en vacances, pour une longue période »
Mais il comprend très vite, qu’il n’est plus la même personne
L’ancien se lève le matin, droit et fier, mais il ne voit plus
S’élever le beau drapeau français, qui jadis l’avait ému
Il n’entend plus le clairon résonner, et lui faire lever la tète
Il n’entend plus les petits gars, chanter sa belle Marseillaise
Alors, résigné il prend son café seul dans son coin
Et se met à rêver à tous les copains
Ils n’ont plus le même combat, le même ennemi
Eux œuvrent pour la patrie et lui contre l’ennui
Et il prend conscience que c’est fini
Il attend inlassablement que le téléphone résonne
Dans l’espoir qu’un frère d’armes, s’est rappelé à sa personne
Il créé des pages, des forums, des groupes
Dans l’espoir d’une discussion, une retrouvaille
Mais hélas, il n’est plus de la troupe
Il tourne en rond, se cherche des activités, mais rien n' y fait
Une gravure trop profonde est ancrée dans son cœur
Et toujours dans la tête toutes ses belles années passés
Toutes ces OPEX enfouies, il y pense trop d’ailleurs
Et des chimères lui rappellent, peu souvent le meilleur
Il craque parfois, il le sait, il le sent, quand une larme vient à couler
L’ancien attend inlassablement toutes ces commémorations
Qui pour quelques instants, lui redonneront les frissons d’antan
Puis s’assoit devant la télé, ou face à un journal usé
Va-t-on parler de son armée ?
Mais ça le laisse souvent sans voix, ça le rend triste quelques fois
Lorsque les médias, lui matraquent le nom de Casey toute la journée
Alors que ses frères d’armes sont en train de tomber
Et que personne ne parle de son armée
ça l’énerve quand on dissout, quand on ne paie pas, quand ses potes sont
maltraités
Il s'insurge quand il sent que le peuple s’éloigne de son armée
Il essaye d’aider, de soutenir comme il peut
Pendant une heure, deux heures, il est utile, il est heureux
Et le soir quand tout s’éteint, quand la lune bas son plein
Il prend sa clope, et en regardant vers le ciel
Se voit quand il était là-bas en afgha
Il se voit là-bas avec ses frères au combat
Se met à rêvasser aux belles actions menées
Mais se fait vite rattraper, lorsque sa clope est consumée
Alors il rentre se coucher, demain il se lèvera très tôt
La même journée qui l’attend
Sans le son du clairon d’antan
Il regarde comme tous les soirs, ses rangers au fond du placard
Une larme coule sur ses rides, qui dessèche ses sillons
IL est trop vieux, mon bel ancien
Pour aller se battre avec ses copains
Va-t-il rêver, à ces combats, qu’il ne fera surement pas
Va-t-il rêver à ces combats et se retrouver là-bas
Je le saurai demain matin, avec un café à la main
Mon dieu que ma vie, fut bien  

                                                                      Auteur anonyme

| Ref : 1215 | Date : 20-04-2020 | 6317